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 (26)Malsain

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Wobmiar

Wobmiar


Messages : 76
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MessageSujet: (26)Malsain   (26)Malsain EmptyDim 13 Déc - 20:55

Isiris cligna des yeux. Elle avait l'un de ces mals de crâne. Probablement trop bu la veille. Elle tâta autour d'elle, regardant ce qui l'entourait. Elle était dans un lit, un lit qui semblait avoir reçu la visite d'un tremblement de terre, complètement détruit. Des plumes du matelas et des morceaux de couvertures déchirées étaient tout ce qui cachaient son corps nu. Elle secoua la tête, reprenant en mémoire tout ce qui s'était passée la veille. L'ethérienne se tourna sur elle-même, grimaçant un peu de douleur; Tout son corps semblait avoir été défoncé par un bélier de guerre. Son aile gauche était pliée, probablement cassée. Elle souffla un peu, et se tira hors du lit, avant de s'étirer. Elle était seule dans cette chambre d'hôtel.

Une petite mélodie atteint son oreille. Des notes. De piano. Elle sourit, reconnaissant bien qui pouvait jouer ainsi. Elle prit un morceau de la couverture, s'en habilla d'une robe de chambre de fortune, et ouvrit la porte de la pièce. Dans le couloir menant à l'escalier, il y avait deux corps au sol, dans une même marre de sang. Les autres chambres avaient été défoncées, des cadavres gisant un peu partout. Elle remarqua même un bébé, un trou dans le ventre, dans les bras de sa mère, décapitée. Une lance rouge semblait avoir transpercé le père, et était plantée dans le mur. Isiris décrocha l'arme, faisant tomber le cadavre à ses pieds, et sans vraiment démontrer grande émotion, se dirigea vers les escaliers, suivant la musique du piano. Au rez-de chaussé, le spectacle était presque encore plus macabre, les cadavres éparpillés un peu partout. L'auberge était maintenant couverte de sang. Elle enjamba le corps tranché en deux d'un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de dix ans. Elle accrocha un verre sur le barre, qui tomba au sol. Les notes se turent.

"Le bâtiment est fermé."

Isiris leva la tête, pour constater, au fond de la pièce, Le Lancier Rouge, assis, dos à elle, devant le piano. Il était nu, ne gardant que son masque, son étui à lances accoté aux côtés de son banc. La jeune femme s'avança.

"Tu as oublié une lance en haut, dit-elle.
- Je ne l'ai pas oublié. C'est ma signature."

Et il se remit à jouer. C'était un air doux. Pas triste, ni joyeux, mais neutre et doux. L'ethérienne faillit trébucher sur le précédent pianiste, et s'assit aux côtés du tueur. Ce dernier l'ignora. Alors elle le regarda un instant, puis mit ses doigts sur les touches, et se mit à copier ses mouvements, mais sur une note plus aiguë. Ils restèrent ainsi, à jouer, pendant même plusieurs minutes, puis le lancier releva ses doigts. Isiris fit de même. Il prit un instant à regarder l'instrument, puis tourna lentement sa tête en direction de l'ethérienne, qui croisa son regard, derrière son masque. Elle sourit.

"Est-ce que je pourrai un jour lire tes émotions? Ou tu comptes garder ce masque toute ta vie? demanda-t-elle.

L'homme aux cheveux aussi rougeoyants que ses lances, prit un instant à la fixer avant de répondre:

- Je n'aurais de toute façon aucune émotion à montrer.
- Les émotions c'est pas un défaut. Je t'ai souvent vu en colère, amusé, frustré, et même plus. Un défaut, par exemple, ça serait le narcissisme. Se croire meilleur que tous les autres par exemple.

Le Lancier Rouge leva un sourcil.

- J'ai payé très cher ma supériorité, tu sauras.

Il détourna le regard.

- Alors raconte-moi, dit Isiris. Explique-moi comment un monstre comme toi, puisque tu n'aimes pas te faire comparer à un humain, ne sait pas lire ni écrire, mais joue si bien le piano.
- ..."

L'homme soupira presque, regardant par la fenêtre.

"Je suis un bâtard de la rue, commença-t-il. Aussi ironique que cela puisse sonner, ma mère a violé mon père, avant de le tuer dans son sommeil. Elle est tombée enceinte, mais n,a pas voulu m'avorter. Non, elle a préféré attendre que je naisse, m'a battu comme un animal, et m'a vendu à un bon prix à un cirque ambulant. Je n'étais ni le premier ni le dernier de ses enfants qu'elle vendait à des marchés plus que noirs, mais je n'ai jamais connu les autres. Dans la vie, si on n'est pas le plus fort, on meure. Ils sont probablement morts."

Il prit un linge, et se mit à nettoyer ses lances.

"J'ai voyagé de ville en ville, de village en village. J'avais juste envie de tuer tout ceux qui m'entouraient. C'était plus fort que moi. Je le sentais, dans mes veines. Tué, ou être tué. Je me sentais faible. Alors un jour, nous sommes passés dans cette métropole de la magie. Les humains les plus puissants de Ramtrok y étudient, y vivent, et ce, même encore aujourd'hui, au moment où je te parle.

Isiris était hypnotisée par le récit, par la voix grave, et en même temps pleine de ce qui semblait être du désespoir.

- Il existait un endroit, continua-t-il. Un endroit terriblement dangereux. Où des formes de magie qui sont inconnues même des plus grands, se mélangent, s'entrechoquent, font leurs effets. Dans l'une des aires de l'école de sorcellerie. Interdite. Lorsqu'un mage voulait devenir archimage, il allait passer son examen final... Qui était de survivre, et d'apprendre les sphères les plus élevées, dans ce donjon maudit. On disait qu'il s'agissait de l'endroit le plus près de la Source. Les plus grands s'essayaient. Seuls 10% en ressortaient. Vivants, ou à moitié, cela va de soi. Les séquelles pouvaient être immenses, une défaite, mortelle. Un non magicien n'avait aucune chance d'en sortir. Moi, je me suis dit, que c'était quitte ou double. J'allais y entrer, et j'allais y ressortir plus grand, plus puissant, supérieur à tous. Et je réussis. Le premier de toute l'Histoire, que me déclara par après l'un des maitres de l'école. Mais...
- Mais? s'enquit l'ethérienne.
- Je ne suis pas ressortit sans en payer le prix.

Il mit une main sur son torse.

- J'ai perdu les dernières choses qui faisaient de moi un être humain.

Il soupira.

- J'ai peu de souvenirs de ce que j'ai pu voir là-dedans. Personne ne se souvient. Mais j'ai des bribes... J'ai eu l'impression d'avoir touché la Source... Et d'avoir été rejeté... Je n'avais aucune magie en moi, j'allais être tué... Mais je ne sais pas comment, j'ai eu la volonté de continuer... Mon corps a énormément souffert, mon âme a été transpercée de toutes parts. À ma sortie, mes cheveux étaient rouges, mon corps était le même que tu peux voir aujourd'hui. J'avais perdu mon cœur. Pas celui qui bat dans ma poitrine. Celui qui pouvait m'empêcher encore de tuer. Celui qui aurait pu me permettre d'aimer, d'éprouver le moindre attachement envers quiconque. Celui qui donne le pouvoir de l'empathie, de la pitié. J'ai perdu ce cœur.
- Tu es sûr? questionna Isiris d'une voix douce.

Le Lancier Rouge hocha la tête.

- Ils me l'ont confirmé, avant que je les tue. Depuis ce jour, je me suis mis à tuer tout le monde, tout ceux que je pouvais... J'aurais été dans de mauvais draps si Griffe d'Or ne m'aurait pas prit sous son aile. J'ai tué ses élèves. J'ai violé, torturé, assassiné plus de personnes que tu ne peux en compter. Je ne laisse personne en vie.
- Et moi?

L'assassin se tourna face à la jeune femme, un regard interrogatif.

- Tu as eu nombres occasions de me tuer ces derniers mois, affirma-t-elle.
- Je n'avais pas le droit de le faire.
- Et maintenant? Ne te trouves-tu pas des excuses? Je ne sers plus à rien à Griffe d'Or, ou Héphradite si tu préfères. Et pourtant, tu m'as pris sous ton aile, tu me tortures, tu me violes, tu m'entraines, tu m'éduques. Tu es peut-être la violence incarnée, mais tu es un père pour moi. Alors, qu'est-ce qui t'empêche de me tuer?

L'homme haussa les épaules.

- J'en sais rien."

Il se leva, et s'éloigna, vers le centre de la pièce, donnant un coup de pied dans l'un des cadavres, soupirant, regardant les murs sans trop savoir quoi faire. Isiris sourit, puis se leva à son tour. Elle se mit à marcher en sa direction, détachant ses vêtements improvisés, les laissant tomber au sol.

"Moi j'ai une théorie" avoua-t-elle.

Le Lancier Rouge se retourna, levant un sourcil.

- Il est dit que les ethériens ont un lien plus fort avec la Source. Si c'est la Source qui t'as enlevé ton cœur...

Elle prit la main du tueur, et la déposa contre sa poitrine.

- Alors je serai la Source qui te le rendrai.

Elle approcha doucement son visage du sien.

- Mais cette fois-ci, ce n'est pas toi qui la touchera. C'est elle qui viendra à toi."

Elle l'embrassa avec amour.
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