La journée venait à peine de commencer que les doutes se faisaient sur moi.
Elcarim est la femme que j'aime, celle à qui je confierait corps et âme et pourtant... Je lui cache beaucoup trop de choses...
Je croyais être capable de prendre soin d'elle, de prendre soin de la famille que nous avons formée, et me voilà à lui cacher des choses, à lui mentir, à trahir notre propre histoire commune pour... des histoires qui ne sont pas passées...
Nous avons passé énormément de temps ensemble, des moments inoubliables, nous nous sommes mariées, nous avons eu une enfant... Et... Par ma faute, par la faute de tant d'autres moments en dehors de ceux-là, voilà que je me vois incapable de pouvoir écrire ma propre histoire... Je cache à tous, à même mentir à ceux qui m'ont confié, à même mentir à moi-même, pourquoi je faisais ça? Pourquoi avait-on prévu tant de plan... Pourquoi n'en voyait-on pas le bout?
Je savais trop de chose, et à la fois rien.
Je n'avais même pas de passé, je possède un présent misérable jouant sur un équilibre de choses passées et de choses qui ne se passeront pas. Mon futur, je le voyais pourtant tout écrit... Avais-je une ambition trop futile? Moi qui pourtant rêvais à l'époque de cette actuelle utopie, qu'est-ce que je dois faire?
Mes amis, ma sœur, ma femme, ma fille...
Moi qui avais toujours lutté contre la solitude, c'est mon entourage qui m'a appris à devenir ce que je suis aujourd'hui, alors pourquoi je me retrouve seule? J'agis pour eux pourtant, alors pourquoi...?
Mon moi passé avait-il condamné mon moi futur?
Une semaine venait de s'écouler, et je n'avais toujours pas de nouvelle de la disparition de ma fille... Aujourd'hui je devais me rendre voir Azaryus à Myriandor pour pouvoir aider ma sœur, mais Elcarim s'inquiétait pour moi, et surtout pour notre fille. Elle ne me voyait pas agir, tout était prévu pourtant, j'avais pris la meilleure solution possible pour que notre fille ait plus de chances de revenir vivante et que personne ne se risque inutilement à partir à sa recherche sans possible retour.
Mais j'avais encore des affaires à régler, d'autres affaires à lui cacher, elle me reprocha alors d'avoir tourné la page et de faire passer notre fille après tout.
Pourquoi cela devait arriver à moi...
